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TROISIÈME PARTIE.

Voici la clef de voûte de l’édifice ! Dans l’interprétation de cette dernière partie du Faust de Gœthe, toute de mysticisme, qui vous conduit de rêve en rêve, de ciel en ciel, Schumann se révèle un interprète merveilleux. Disciple enthousiaste de Jean Paul, qui lui avait inculqué, à l’aurore de la vie, sa sensibilité outrée, son lyrisme échevelé, ses pensées flottantes et que « le son musical charmait et touchait indépendamment de tout dessin rythmique ou mélodique » [1], le maître de Zwickau, en suivant le vol hardi de Gœthe vers l’empyrée, se complaisait dans une sorte de contemplation théologique, dans cette mysticité qui l’avait séduit, dans ce milieu intellectuel, supra-terrestre où il avait presque toujours vécu. Il possédait cette volupté de songe qui enlève les initiés au monde extérieur pour les mettre en quelque sorte en communication avec les esprits invisibles [2]. Aussi devait-il se passionner pour cette seconde partie du Faust, ne songer d’abord qu’à elle, en faire l’œuvre de toute sa vie et lui donner la place prépondérante [3]. Disons enfin et

  1. Firmery, Jean-Paul Richter.
  2. Enclin à la mélancolie par suite d’un état maladif qui devait aboutir à la perte de la raison, dans les dernières années de sa vie, il croyait entendre des harmonies, des voix qui lui dictaient un thème musical.
  3. La troisième partie des Scènes de Faust de Schumann ne contient pas moins, à elle seule, de 128 pages de la partition, alors que les deux premières parties n’en ont que 119.