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le spectacle varié des phénomènes extérieurs. Dans l’obscurité des yeux, l’âme y verra plus clair. »

Cette pensée, qui est de la plus grande justesse rappelle le beau vers de Victor Hugo :

« Quand l’œil du corps s’éteint, l’œil de l’esprit s’allume. »

Lorsque l’on a étudié de près les êtres privés de la lumière dès leur enfance, on les voit s’appliquer bien davantage que les jeunes voyants à leurs travaux : c’est que, séparés pour ainsi dire de l’extérieur, ils ne sont nullement détournés de leurs occupations ; le travail devient même pour eux la plus charmante des récréations.

Et Blaze de Bury continue : « Ici apparaît l’idée toute chrétienne de la vie nouvelle (vita nuova). Faust, après avoir passé par tous les degrés de bonheur terrestre, reconnaît dans sa vieillesse, comme Salomon, que tout est vanité. Les souffrances, les peines (les quatre femmes) sont des acheminements vers une existence supérieure ; le Souci (par son salut éternel) le rend aveugle, afin que, mort à la terre, il tende à de plus hautes destinées et se tourne vers l’Éternel dont il pressent l’approche, grâce à cette force intuitive qui le pénètre et sert d’intermédiaire à son apothéose finale. »

Dans la partition de Schumann des accompagnements syncopés donnent l’idée de la recherche au milieu de l’obscurité et c’est lentement, solennellement que Faust est pris d’une angoisse momentanée, d’un désespoir profond, mais pour réagir presque aussitôt. Le mouvement s’accentue ; il s’enthousiasme de radieuses visions. La phrase musicale devient un cri de triomphe ; les trompettes se font entendre : « Allons, debout, travail aux mille bras !..... Je veux créer merveille sur merveille.....