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« Schumann », écrivait Léonce Mesnard, « fait percevoir, dans ce passage, avec la gravité et l’élévation qu’on pouvait souhaiter, cet état d’un noble esprit parvenu à l’achèvement de sa maturité morale, en rompant avec toute illusion et en prenant pleine possession de soi-même. »

Mais le Souci poursuit sa complainte, à laquelle viennent se joindre quelques notes de hautbois. — « Assez, s’écrie Faust ; ta fâcheuse litanie troublerait la raison..... Sois maudit, Spectre qui torture à loisir l’espèce humaine..... Je brave ton pouvoir ». — Hélas ! il l’éprouve sur l’heure la puissance du Souci qui, en se retirant, l’aveugle en soufflant sur lui. À noter la légèreté du trait final de l’orchestre de Schumann, suite de triolets vifs, légers, sorte de murmure rendant l’impression du souffle rapide qui enlève la vue à Faust.

« L’infirmité qui vient d’atteindre Faust, a dit excellement Blaze de Bury, loin d’étouffer son activité, l’aiguillonne et la provoque. La lumière qui rayonnait au-dehors va se concentrer désormais tout entière au-dedans de lui-même. Aveugle, il poursuivra ses projets créateurs avec plus d’instance, de force, de résultat, et son application ne courra plus la chance de se laisser distraire par