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« Le Mauvais Esprit. Le courroux céleste te menace, Marguerite ; les trompettes de la résurrection retentissent : les tombeaux s’ébranlent et ton cœur va se réveiller pour sentir les flammes éternelles.

« Marguerite. Ah ! si je pouvais m’éloigner d’ici ! les sons de cet orgue m’empêchent de respirer et les chants des prêtres font pénétrer dans mon âme une émotion qui la déchire.

« Le chœur : Judex ergo cum sedebit Quidquid latet apparebit Nil inultum remanebit.

« Marguerite. On dirait que ces murs se rapprochent pour m’étouffer ; la voûte du temple m’oppresse : de l’air ! de l’air !

« Le Mauvais Esprit. Cache-toi ; le crime et la honte te poursuivent. Tu demandes de l’air et de la lumière, misérable ! qu’en espères-tu ?

« Le chœur : Quid sum miser tunc dicturus ? Quem patronum rogaturus, Cum vix justus sit securus ?

« Le Mauvais Esprit. Les saints détournent leur visage de ta présence ; ils rougiraient de tendre leurs mains vers toi.

« Le chœur : Quid sum miser tunc dicturus ? « Marguerite crie au secours et s’évanouit. »

Quelle scène ! Et comme le compositeur a su rendre les angoisses de cette malheureuse qui ne peut s’isoler dans la prière, accablée par les menaces de l’Esprit du mal et succombant sous le poids des accords du plus foudroyant