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couleur ! Au changement de mouvement de quatre temps en six-quatre, le chant s’épanouit doucement jusqu’à ce cri de désespoir : « Ah, sauve-moi, protège-moi ». Puis, lentement et pianissimo s’achève la conclusion poignante sur cette phrase soutenue par les trémolos de l’orchestre, dans laquelle Marguerite affaissée murmure un dernier appel à la Vierge,

Voici maintenant Marguerite à l’église où l’on célèbre le service des morts ; elle est couverte d’un long voile. Derrière elle se tient le Mauvais Esprit qui l’empêchera de prier et de trouver la consolation qu’elle pouvait espérer dans l’unique refuge qui lui restait.

« Le Mauvais Esprit. Te souviens-tu, Marguerite, de ce temps où tu venais ici te prosterner devant l’autel ? Tu étais alors pleine d’innocence, tu balbutiais timidement les psaumes, et Dieu régnait dans ton cœur. Marguerite, qu’as-tu fait ? Que de crimes tu as commis ! Viens-tu prier pour l’âme de ta mère, dont la mort pèse sur ta tête ? Sur le seuil de ta porte, vois-tu quel est ce sang ? C’est celui de ton frère ; et ne sens-tu pas s’agiter dans ton sein une créature infortunée qui te présage de nouvelles douleurs ?

« Marguerite. Malheur ! malheur ! Comment échapper aux pensées qui naissent dans mon âme et se soulèvent contre moi !

« Le chœur : Dies irae, dies illa Solvet sæclum in favilla.