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amateur de musique, M. Strackerjan : « J’ai beaucoup travaillé dans ces derniers temps. J’ai écrit une ouverture de Faust, couronnement de l’édifice d’une suite de scènes tirées de la tragédie. » Cette indication est précieuse, puisqu’elle nous laisse entendre que les trois parties dont se compose la partition étaient entièrement achevées en 1853.

Robert Schumann avait pensé à faire un opéra de Faust ; on trouve en effet le titre de ce drame inscrit sur son livre de projets. Il s’arrêta au sujet de Geneviève et, malgré le peu de succès qu’obtint cette belle œuvre, il songea encore à une nouvelle composition de Gœthe, Hermann et Dorothée. Il témoigna, à plusieurs reprises, le désir d’écrire un nouvel opéra sur ce sujet, notamment dans des lettres adressées le 21 novembre et 8 décembre 1851 à Maurice Horn, l’auteur du Pèlerinage de la Rose. Dans celle du 8 décembre, il dit : « Je n’ai pu encore rassembler mes idées au sujet d’Hermann et Dorothée. Mais, réfléchissez donc, je vous prie, si vous pourriez traiter le sujet de façon à ce qu’il remplisse une soirée de théâtre, ce dont je doute..... Je veux que ce soit un grand opéra et vous êtes certainement de mon avis. Musique et poésie devront être écrites d’un style simple, naïf et champêtre. »

En ce qui concerne Faust, nous estimons que Robert Schumann fit sagement en renonçant à faire un opéra de cette grande épopée, qui, en raison même de sa conception hardie et surnaturelle, nous semble repousser le cadre de la scène, et dont la haute et sublime fantaisie s’épanouit plus librement et d’une manière plus artistique, dans l’acception la plus haute du mot, sous la forme d’une œuvre lyrique ou oratorio romantique pour soli, chœur et orchestre.