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qu’il avait éprouvé en se livrant, pour la première fois, à la composition des Scènes de Faust, dont il avait écrit, en 1844, l’épilogue pour soli, chœur et orchestre. Cet épilogue n’aurait jamais été édité, mais il a été exécuté plusieurs fois à Leipzig, à Dresde et à Weimar.

Il ne cessa, par la suite, de revenir à ce gigantesque travail, dont il était fortement épris. Dans une lettre adressée de Dresde, le 20 juin 1848, à Carl Reinecke, il lui annonce qu’il a fait jouer pour la première fois, en petit comité, le finale de Faust avec orchestre et il ajoute : « Je croyais ne pouvoir arriver à terminer la composition de ce morceau, surtout le chœur final ; il m’a cependant pleinement satisfait. Je voudrais le faire exécuter l’hiver prochain à Leipzig ; — peut-être y serez-vous ? »

Du 14 juillet à la fin d’août 1849, il écrivit quatre scènes de Faust pour orchestre. Cette année 1849 fut peut-être la plus productive de la vie du compositeur et cette prodigieuse fécondité pourrait être attribuée à la cause suivante : il fut forcé, à la suite des événements politiques, de quitter Dresde, en mai 1849, pour se réfugier à Kreischa, petit bourg voisin, où il trouva le loisir voulu pour se livrer à ses merveilleuses inspirations. Fait à noter : c’est dans cette période que la poésie de Gœthe le hanta surtout, puisqu’il écrivit, du 18 au 22 juin 1849, quatre Mélodies de Mignon, extraites du Wilhelm Meister de Gœthe, — puis, les 2 et 3 juillet de la même année, le superbe Requiem de Mignon [1].

Nous voyons ensuite qu’à l’occasion du centenaire de Gœthe on donna à Dresde, le 28 août 1849, un festival

  1. « Quand on connaît la Bible, Shakespeare et Gœthe, disait Robert Schumann, et qu’on s’est bien pénétré de leurs maximes, cela est suffisant. »