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nous devons cependant, nous plaçant à un point de vue des plus élevés, avouer que l’excuse qu’il donne pour avoir fait circuler la plus libre fantaisie à travers l’œuvre du poète allemand ne nous satisfait pas pleinement. Il était libre de prendre dans Faust les pages qui l’intéressaient le plus vivement, d’y introduire des sujets épisodiques, puisque sa merveilleuse inspiration l’a amené à produire, à côté du chef-d’œuvre de Gœthe, un autre chef-d’œuvre. Mais il n’avait pas à déclarer « qu’il était absolument impossible de mettre en musique le poème de Gœthe, sans lui faire subir une foule de modifications ».

Robert Schumann a prouvé victorieusement le contraire. Dans les parties qu’il a traduites musicalement, le maître de Zwickau a suivi pas à pas le texte original. C’était, il faut en convenir, le moyen le plus sûr pour faire ressortir les merveilleuses beautés de la poésie et en rendre aussi exactement que possible le sens intime.

Profondément rêveur et sentimental, Robert Schumann devait se passionner pour l’œuvre de Gœthe, surtout pour le second Faust, où le mysticisme règne en maître. De bonne heure, à vingt-trois ans et non à treize, comme l’ont indiqué par erreur certains commentateurs, il avait songé à la traduction musicale de Faust. C’est, en effet, à la fin de l’année 1844 qu’il quitta Leipzig pour aller résider à Dresde, dans le but de rétablir sa santé fortement ébranlée à la suite des nombreux travaux auxquels il s’était livré. Il attribuait lui-même l’état maladif et inquiétant dans lequel il se trouvait à l’excès de fatigue