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dans l’article qu’il lui a consacré. Ne le montre-t-il pas, à un repas de noces chez Gillet, à la porte Maillot, semant l’allégresse par un toast où le symbole côtoyait la fantaisie, et ouvrant lui-même le bal par un quadrille. N’est-ce pas Lamoureux qui répondait un jour à Mme Materna, le proclamant grand chef d’orchestre : « Dites... gros chef d’orchestre ! »

Par amour de l’assimilation, il y aurait un rapprochement curieux à faire entre Lamoureux et Colonne : on trouverait, en effet, dans leur vie bien des points de ressemblance. Nés à Bordeaux, ils ont, dès le début, le même professeur de violon, M. Baudouin, — et, plus tard, au Conservatoire de Paris, M. Girard. Ils font partie, un moment, du même quatuor. Ils deviennent bientôt, tous les deux, les créateurs et directeurs des plus importants concerts symphoniques de Paris. En l’année 1873, Colonne fonde à l’Odéon, puis au Châtelet le Concert National ; à la même époque, Lamoureux organise au Cirque d’Été la Société de l’Harmonie sacrée. Ils épousent en secondes noces une cantatrice : Colonne, Mlle Vergin, — et Lamoureux, Mme Brunet-Lafleur.

Enfin, ils ont été appelés, l’un et l’autre, à diriger l’orchestre de l’Opéra.

Les qualités dominantes de Charles Lamoureux, comme chef d’orchestre, consistent dans une recherche absolue de la précision, de la correction et de la clarté obtenues par des répétitions nombreuses, poussées jusqu’aux limites les plus extrêmes. Il a inculqué à son orchestre une discipline pour ainsi dire militaire, qui constitue la plus grande originalité du magnifique ensemble instrumental dont il a la direction. Le quatuor, manœuvrant comme un seul homme, arrive à des effets surprenants