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Willy), qui le lui rend bien par les traits qu’elle lui décroche comme une flèche du Parthe, d’abord dans Art et critique et, plus tard, dans l’Écho de Paris.

Sa mauvaise humeur ne s’exerce-t-elle pas également à l’égard des compositeurs, dont il est appelé à faire exécuter les œuvres ? Certaine altercation violente avec Augusta Holmès, au milieu d’une répétition au Cirque d’Été, viendrait à l’appui de notre dire.

Autre particularité : il tient essentiellement à ce que ses projets, même les moins importants, ne soient pas divulgués. Aussi fulmine-t-il contre les indiscrets qui font connaître à l’avance les numéros des programmes de ses concerts. Il n’est pas plus ouvert avec les siens : sa fille, Mme Chevillard, n’a appris que par la lecture du Figaro la nouvelle de la nomination de son père, comme chef d’orchestre à l’Opéra, à la fin de la direction Ritt et Gailhard.

Cette manière d’être n’est-elle pas indépendante de sa volonté et ne prendrait-elle pas sa source dans des idées de persécution qui le hantent, dans la méfiance qui en résulte pour tous ceux qui l’approchent, dans la crainte mal fondée de railleries à son égard ? L’abord se ressent de cette disposition d’esprit ; il est froid et inspire quelque inquiétude.

Aussi a-t-il dû être malheureux des caricatures qui ont été faites sur lui ! Car le crayon satirique, s’étant emparé sur une large échelle de Richard Wagner, devait atteindre également celui qui, en France, a été un de ses plus fervents adeptes.

Toutefois, sous cet aspect un peu rébarbatif et glacial, il faudrait reconnaître un fond de gaîté, un peu de cette jovialité gauloise qu’Émile Bergerat a laissé entrevoir