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elle laisse peut-être un peu dans l’ombre certaines particularités, certains tics qui sont là pour donner du piquant à la physionomie, comme un coup de pinceau un peu brillant, une touche de blanc, par exemple, viendra réveiller la figure de tel portrait à l’huile. « J’ai senti plus d’une fois » disait Sainte-Beuve « combien le caractère d’un homme est compliqué et avec quel soin on doit éviter, si l’on veut être vrai, de le simplifier par système. »

Cette pensée si juste de l’auteur des Causeries du Lundi ne doit jamais être perdue de vue par celui qui s’attache à peindre ses semblables. Il ne doit pas redouter de faire voir l’homme, l’artiste sous tous ses aspects, l’intérieur comme l’extérieur, la face comme le revers de la médaille. Les plus minimes détails ne sont pas indifférents. C’est à ce prix seulement qu’il fera un portrait vrai et ressemblant.

Notre profil a donc besoin de retouches et d’additions.

Si nous disions que Charles Lamoureux brille par l’aménité et la patience, nous nous éloignerions de la vérité. Dans tous les orchestres qu’il a été appelé à diriger, il a laissé la réputation d’un croque-mitaine. Nous n’irions pas jusqu’à lui appliquer l’opinion de Meyerbeer : « Pour être chef d’orchestre il faut être insolent..., voilà pourquoi je n’ai jamais pu être chef d’orchestre. » Mais, nous serions dans le vrai, en affirmant qu’il n’est pas toujours tendre pour les artistes qu’il commande ; il ne sait pas, à son pupitre, conserver la placidité et la sérénité voulues. Voyez même son attitude vis-à-vis du public, les jours de concert ; elle manque souvent de correction. Il impose silence en lançant un chut sec et perçant, et en foudroyant du regard l’interrupteur qui se permet la plus petite incartade, ou l’espiègle et calembouriste ouvreuse (alias