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pouvoirs les plus illimités. Ce furent très probablement cette autorité, à lui concédée sans restrictions, et aussi le désir de continuer l’œuvre qu’il avait si bien commencée à l’Éden qui engagèrent Lamoureux à accepter les offres de la direction de l’Opéra. S’il n’obtint pas des exécutants et des choristes des résultats aussi satisfaisants que ceux atteints à l’Éden, il faut cependant constater que ses efforts aboutirent à un succès et que les représentations de Lohengrin à l’Opéra furent de celles qui peuvent compter parmi les plus belles de la direction Ritt et Gailhard. La première, après quelques atermoiements, eut lieu le 16 septembre 1891.

Le cadre de cette étude ne nous permet pas d’entrer dans de longs développements ; nous insisterons seulement sur quelques points.

Les mêmes folies, qui s’étaient produites aux portes de l’Éden, se renouvelèrent sur la place de l’Opéra. Dans la salle quelques énergumènes, dont un restera légendaire [1], cherchèrent à empêcher l’exécution. Mais, cette fois, les mesures de police étaient admirablement prises et toute velléité de manifestation fut réprimée si vigoureusement que les meneurs s’évanouirent comme par enchantement et que victoire resta au Cygne. La Presse fut très favorable à l’œuvre et les représentations de Lohengrin à l’Opéra furent assurées d’un succès durable.

En ce qui concerne l’exécution, Charles Lamoureux se refusa à maintenir dans l’opéra de Wagner les coupures qui avaient été un peu imposées au maître, depuis les premières représentations de Weimar. Nous pourrions

  1. Cet antiwagnérien, dont nous ne transmettrons pas le nom à la postérité, se leva au commencement du second acte pour prier M. Lamoureux de vouloir bien faire chanter la Marseillaise !