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ayant le désir d’entendre, dans une salle absolument privée, une œuvre d’art de la plus grande beauté et ne pouvant qu’avoir une heureuse influence sur l’avenir musical ? — Si cette thèse était admise, ce serait la porte ouverte à tous les abus. On l’a bien vu plus tard. La police aurait dû, dès le premier jour, maintenir l’ordre dans la rue, comme elle le fit postérieurement, lors de la première représentation de Lohengrin à l’Opéra : les quelques énergumènes, dont une partie était soudoyée, se seraient retirés et Lamoureux aurait pu donner suite immédiatement à sa belle tentative. Mais il devait prendre sa revanche, plus tard, à l’Académie Nationale de musique.

Non content d’avoir tué son entreprise, on voulait ternir son honneur : on l’accusait d’avoir reçu de l’argent de provenance allemande, alors qu’il était absolument seul à supporter le poids du déficit résultant de la cessation brusque de sa tentative. Il n’eut qu’une ressource, celle de diriger des poursuites contre les journaux qui cherchèrent à le diffamer. Il expliqua lui-même cette situation dans une lettre adressée le 12 mai 1887 au rédacteur en chef de l’Événement.

Mais une manifestation éclatante, destinée à venger Lamoureux des perfides et sottes accusations portées contre lui, se préparait ; elle devait être encore pour le vaillant chef d’orchestre un témoignage de sympathie et d’encouragement.

Un banquet, qui lui fut offert le 16 mai 1887 dans les salons de l’Hôtel continental, réunissait l’élite des artistes et des personnalités s’intéressant à l’art musical. Il nous paraît utile de reproduire, au point de vue de l’histoire musicale, les discours qui furent prononcés ; ils indiquent très nettement la situation.