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un critique, paraphrasant le mot d’un prince spirituel et bon, qui ne craignait pas la musique ; « Rien n’est changé en France ; il n’y a qu’un chef-d’œuvre de plus. »

Il y avait cependant ceci de changé, c’est que la tentative faite par Lamoureux devait porter plus tard ses fruits et qu’elle préludait à l’introduction des œuvres dramatiques de Richard Wagner sur la scène française, tant à Paris qu’en province.

Les manifestations ridicules et regrettables qui eurent lieu aux abords du théâtre de l’Éden le soir de la première représentation de Lohengrin déterminèrent Lamoureux à abandonner la partie. Voici la lettre qu’il adressa le 5 mai 1887 au rédacteur en chef du Figaro :

« J’ai l’honneur de vous informer que je renonce définitivement à donner des représentations de Lohengrin.

« Je n’ai pas à qualifier les manifestations qui se produisent, après l’accueil fait par la presse et le public à l’œuvre que, dans l’intérêt de l’art, j’ai fait représenter à mes risques et périls sur une scène française.

« C’est pour des raisons d’un ordre supérieur que je m’abstiens, avec la conscience d’avoir agi exclusivement en artiste et avec la certitude d’être approuvé par tous les honnêtes gens. »

N’insistons pas plus qu’il ne convient sur cette malheureuse affaire. Nous n’en tirerons qu’une conclusion : est-il admissible qu’une minorité fort bornée et composée de personnalités, dont les éléments seraient faciles à établir [1], puisse entraver la liberté d’une majorité intelligente,

  1. Les individus arrêtés pour leurs manifestations bruyantes devant les portes de l’Éden, le 3 mai 1887, appartiennent presque tous à la classe des ouvriers !! Osaient-ils prétendre au monopole du patriotisme ? — Il serait curieux d’inspecter certains dossiers que nous connaissons et dans lesquels se trouvent diverses pièces jetant un jour tout particulier sur les menées et les critiques qui se sont produites.