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peut-être sera-t-il de quelque utilité aux poètes et aux artistes qui, ne lisant point Théocrite dans sa langue, ne le connaissent qu’à travers le bon français officiel ou par les imitations qu’en a faites Virgile.

Les Idylles, traduites jusqu’à ce jour, sont l’œuvre très-originale de leurs auteurs, et Virgile n’en reproduit pas les qualités fermes, franches et viriles, tout occupé qu’il est de rendre les forêts dignes d’un consul. Le Syracusain appartient à une époque plus savante et plus raffinée que le siècle rhétoricien d’Auguste, mais il possède de la nature un sentiment très-vif et très-vrai qu’il ne se plaît pas à dissimuler sous des formes toujours élégantes et monotones. C’est un grand paysagiste, large et sobre la fois, plein de lumière et de vigueur, autant qu’un poète énergique et passionné. Les molles tendresses virgiliennes le décolorent, l’affadissent et l’énervent absolument. Cependant, je ne puis passer sous silence l’opinion de M. de La Harpe à cet égard. Ce législateur littéraire déclare que « les bergers du Cygne de Mantoue ont plus d’esprit que