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ment, disent-ils, à l’esprit de l’œuvre originale. Un succès incontesté a couronné leurs efforts, et ils ont enrichi la littérature nationale d’autant de conquêtes de leur génie, s’il est permis d’emprunter à M. de La Harpe l’heureuse expression qu’il emploie pour caractériser les traductions excellentes.

La haute raison qui distingue, de son propre aveu, la nation française des peuplades qui habitent le reste du globe, son goût épuré, son imagination brillante, mais toujours contenue dans les bornes du sens commun, cette passion si vive, mais sage, qu’elle éprouve pour la poésie et pour l’art, toutes ces qualités précieuses qu’elle applique aux progrès de l’industrie ne lui eûssent point permis, en effet, d’apprécier les rares beautés éparses dans les littératures étrangères, mortes ou vivantes, si de grands traducteurs ne se fussent dévoués à les rendre dignes de son attention. À vrai dire, les esprits cultivés ne reconnaissent quelque mérite à Homère, à Virgile, à Dante, à Milton, au Tasse, que depuis les profondes corrections auxquelles ont été soumis ces poètes si éloignés de la perfection