visage, tu l’aimes comme s’il était ton ami depuis trois ans, et tu traites le plus vieux de tes amis comme s’il ne l’était que depuis trois jours. Tu recherches ceux qui flattent ton orgueil. N’aime plutôt que tes égaux, tant que tu vivras, car c’est ainsi que tu seras estimé par les habitants de la ville, et que tu te rendras Éros propice, Éros, qui dompte aisément les cœurs des hommes et qui m’a amolli, moi qui étais de fer. Je te supplie, par ta belle bouche, de te souvenir qu’hier tu étais plus jeune qu’aujourd’hui, et que nous devenons vieux avant que tu aies eu le temps de cracher ou de froncer le sourcil, et que la jeunesse n’a pas de retour, car elle a des ailes aux épaules, et notre lenteur ne peut atteindre ce qui vole. Pense à ces choses, sois plus aimable, et aime-moi, moi qui t’aime sincèrement, afin qu’un jour, quand tu auras une barbe virile, nous soyons encore des amis akhilléens. Mais si tu livres tout ceci au vent et si tu dis dans ton cœur : — Insensé, pourquoi m’ennuies-tu ? — moi qui, pour l’amour de toi, irais maintenant vers les pommes d’or ou vers Kerbéros, le gardien des morts, alors, ne souffrant plus
Page:Idylles de Théocrite et Odes anacréontiques.djvu/189
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.