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RÉTROSPECTION

Loin de le croire une caresse, je le trouvais enfantin et bien conforme ainsi au caractère de ma petite amie qui, quoique mon aînée de trois mois, était de fait ma cadette, autant en raison de se taille moindre que du niveau inférieur de son instruction.

Bientôt, nous fîmes nos devoirs l’une chez l’autre, tour à tour. J’allais un jour chez elle ; le lendemain, elle vint chez moi ; mais ce fut le plus souvent chez moi, j’avais plus de livres.

Quand c’était chez elle, nous montions à l’entresol, dans la chambre de ses parents sur la rue. Nous étions seules. Sa mère restant avec son père, en bas, dans la boutique.

Parfois, quand, un instant, nous nous arrêtions de travailler, Jeanne me montrait des cartes postales de son pays, des photographies de sa famille. Celles de sa tante surtout, une sœur de son père, de Bourges, qui l’aimait bien et qu’elle aimait beaucoup aussi et qui avait une fille Amélie. Oh ! sa cousine Amélie, qu’elle aimait tant ! Jeanne me disait que sa tante, sa cousine et moi, eh bien, elle nous aimait autant que sa maman ! Oui, autant ; mais, si cela continuait, c’est moi qu’elle aimerait le plus des quatre.

Car, elle m’aimait bien ! Et elle m’embrassait, elle m’embrassait ! Et ses petites mains douces se coulaient dans mes manches et me montaient jusqu’aux épaules. Elle avait embrassé mes joues, mon front, mes yeux, elle m’embrassait les mains ensuite. Et une chose qu’elle faisait souvent et qui me faisait rire, elle me prenait la main droite et me faisait, avec cette main, lui donner