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LA DERNIÈRE DE GABY

formant le cercle, tous les dix-huit moissonneurs, le cousin Bérard, le père, les hommes, les femmes, la cousine Bérard, les grands jeunes gens, les grandes jeunes filles, aussi bien les gens du pays que ceux de Belgique et du Luxembourg, que je ne connais que depuis deux jours, et qui, tous, s’esclaffent encore, insultant à mon malheur.

Car, leurs rires ne font pas que commencer. C’est cela que j’entendais quand tant me bourdonnaient les oreilles qu’écrasaient les grosses cuisses nues de maman dont, à mes narines, arrivait l’odeur chaude de femme en sueur, mélangée à l’odeur de foin, de paille séchés au grand air. Mais je n’avais rien vu, rien, de leur arrivée. Je ne me doutais pas que trente-six yeux s’emplissaient de la vue de mes fesses rouges qui leur montraient le vice puni.

Anéantie dans un désarroi total, je ne songeais même pas à me dire que pourtant, sur les onze femmes ou jeunes filles présentes ici, en me comptant, c’était moi sûrement la moins garce. Mes yeux en pleurs suivaient Ovide qui, rigolant sous les invectives de maman, s’en allait, faraud comme toujours, tout en roulant une cigarette.