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BRASSÉE DE FAITS

Patatras ! Elle ne pouvait pas arriver plus mal à propos. J’allais prendre mon vol directement vers le Paradis. À mon changement de figure, Ovide qui s’apprêtait à m’accompagner dans mon envolée, se retourne…

Et il se relève soudain, le misérable ! m’abandonnant à mon triste sort, en panne et dans l’impossibilité de nier l’évidence.

J’en étais tellement abasourdie que je reste comme cela, le dos dans l’herbe et toute retroussée… Mais, soudain, je reprends mes esprits, j’essaye de me lever en rabattant ma chemise, ma jupe… Maman est déjà sur moi et, tandis, qu’Ovide, brave chevalier, reste là, planté, en face, à trois pas, elle m’envoie une gifle qui m’étourdit et, pendant que la joue droite me brûle et que j’en vois les trente-six chandelles, sa main qui m’a giflé pèse irrésistible sur ma nuque, m’entraîne, ployée en avant, et me voici la tête subitement plongée dans l’ombre sous le jupon maternel, happée par l’étau de ses fortes jambes musclées. Et, dans le même temps, mes fesses, mes pauvres fesses sont déchirées d’épouvantables claquées de sa main terrible, plus lourde et plus meurtrissante qu’elle ne m’a jamais semblé !

Depuis deux ans que je n’en avais pas reçu, vous jugez de ce que j’étais sensible !

Combien de minutes cela dura-t-il, combien de fois ai-je senti l’horrible atteinte de cette main dont la fureur loin de faiblir, s’accroissait à chaque coup ? Quand brusquement mon supplice s’arrête, quand je reviens au jour, tombée assise dans l’herbe, fraîche à mes fesses en feu comme un bain glacé, j’aperçois, stupide, j’aperçois,