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BRASSÉE DE FAITS

Elle me trousse, va rabattre ma culotte…

Malheur de malheur ! maman qui de sa cuisine m’a vue traverser la cour, ouvre sa porte. Elle va s’amener, Mary a tout juste le temps de me relâcher et me pousse dehors.

J’entre chez nous. Je dis à la mère que j’irai prendre le café chez Madame Mary en l’allant chercher.

Zut, j’ai fait un beau coup ! voilà qu’elle me répond :

— J’irai avec toi prendre le café, je m’invite. J’ai un chapeau à lui montrer que je finirai après votre départ Regarde ce que, ce matin, j’ai bâclé en une heure ? Est-ce tortillé avec assez de chic ?

Elle m’exhibe un galure à la noix de coco, une forme à sept francs, en simili tagal, genre toquet, autour duquel elle a enroulé une torsade en ciré sang de bœuf.

Non, mais ? En voilà une fantaisie de s’inviter, par exemple ! Elle en a de bonnes, la mère ! Alors, quoi ? Si elle rapplique tout à l’heure avec moi, voilà ma fessée dans le sixième dessous ! Moi, j’en ai besoin, de ma fessée. Elle vient déjà de me faire rater à l’instant une belle occasion : la gosse partie en commission ! Ah ! c’est que je la veux ma fessée ! elle m’est due, il me la faut à tout prix ! À la gare, la maman gêneuse, à la gare ! C’est sa fille qui compte se tortiller avec chic !

Je ne fais ni une, ni deux, je me précipite chez Mary, je lui expose le projet maternel combien intempestif et empêcheur de danser en rond. Quel toupet elle a ! Médite-t-elle d’y rebiffer à sa propagande pétroliphile et antisciatique ?