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BRASSÉE DE FAITS

mouvements, me voici de nouveau à poil et je me jette sur mon lit, grand ouvert.

Mais, j’éteins la lumière. Pour ce qui va se passer, j’aurais trop honte à rester éclairée par le plafonnier… Je scandaliserais mon ange gardien…

Je suis dans la nuit.

Je me figure sur les genoux de Mary et, d’un bras, je me fesse comme je peux. Moins que je peux, devrais-je dire, car cela réveillerait les auteurs de mes jours, si je me claquais comme je le voudrais. Si encore cela me valait de recevoir de l’un ou de l’autre, survenant au raffût, la fessée qu’ils ont eu le tort de ne jamais m’infliger, alors que depuis si longtemps elle m’était due — et qu’il eût fallu bien cinglante et copieuse, comme aux vicieuses dont me parlait Mary ! La bonne fessée, celle dont se garde un souvenir cuisant, ainsi que disait mademoiselle Hortense, la bonne fessée qui calme et remet en place les nerfs des filles, quand elle est bien appliquée, ce n’est pas ce soir le premier qu’il me la faudrait de la main d’une mère ou meilleure encore de la main d’un père ! Depuis quatre ans, depuis cinq bientôt, je la mérite et depuis un an, de plus en plus souvent. Cela se voit pourtant, le lendemain, que, dans mon lit solitaire, j’ai tout fait pour la mériter… Comment ma mère ne remarque-t-elle pas, certains matins, la cernure de mes yeux et n’en pénètre-t-elle pas la cause ? C’est ce soir qu’il me faudrait une mère de famille pareille à celle de ma condisciple et qui me fesse jusqu’au sang, pour me remettre dans le droit chemin. Car, je devine que c’est