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BRASSÉE DE FAITS

maman, de même que l’autre fois, elle vient me chercher.

Ah ! qu’elle arrive mal à propos… Pauvre mère, avec quelle sincérité je la maudis du fond du cœur !

Mary et moi, nous ne séparons pas nos lèvres et, dans les bras l’une de l’autre, nous allons ouvrir. Ce n’est qu’au moment de toucher la verrou que nos deux bouches se détachent et que sa main s’écarte de ce qu’elle n’a cessé de presser tout le long du corridor.

C’est bien maman. Il n’est pas encore l’heure de se coucher : elle est venue pour bavarder un peu. Papa s’endort en lisant Le Temps, qu’un ami fonctionnaire lui prête régulièrement avec deux jours de retard. Mais, cela n’a aucune importance, dit papa. Bien qu’un peu en retard, l’honorable feuille ne donne que de sages avis.

Madame est bavarde. Il est neuf heures cinquante ; nous en avons jusqu’à onze heures. Mary soutient vaillamment la conversation ; mais quels regards nous échangeons !

Elle a de l’esprit, Mary. Elle le prouve une fois de plus, quand je l’entends dire :

— Dites-moi, chère madame Loiseau. C’est demain samedi. Mademoiselle Raymonde rentre à midi et elle est libre après, jusqu’à lundi matin. Son après-midi de demain est à elle. Voudriez-vous me permettre de lui demander de m’accompagner le tantôt chez une amie, à qui je voudrais la présenter. Cette amie cherche une dactylo sérieuse et distinguée pour lui faire taper chez elle des textes très précieux. Bien élevée, comme elle l’est, mademoiselle Raymonde remplit toutes les