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BRASSÉE DE FAITS

mais plutôt de supplice analogue à la Flagellation de Notre-Seigneur, par exemple. Bref, il n’est pas possible d’être plus fermée que moi, à un point vraiment inimaginable, n’ayant rien vu ni même lu le moindre livre traitant un sujet qui, bientôt, me conquerrait à jamais.

Madame Mary ne m’en parla pas spécialement non plus les premières fois que j’allai chez elle. Si mes parents me la laissaient fréquenter, c’est d’abord parce qu’elle était une bonne cliente du magasin. Chaque semaine, il y avait pour elle un ou deux envois. Rarement un seul, le plus régulièrement deux, parfois trois. Elle se fournissait à tous les rayons. Ensuite cette tenue qu’elle avait ! Aux yeux de papa, aux yeux de maman, rien au-dessus de cela. Moi, je soupçonnais bien quelque chose, le voyant si coquette, la figure tellement faite. Mais, sous les yeux de papa en défilaient tant de comme cela, des poules, toute la sainte journée, dans son magasin ! Enfin, il avait le bandeau et maman, elle, ne voyait que par lui. Du moment qu’il décrétait que la voisine avait de la tenue, il avait tout dit.

Et puis, elle demeurait dans la maison. Donc, je ne m’absentais pas, je ne risquais pas de mauvaise rencontre dans la rue et cela les rassurait.

J’arrive à cette première fessée de gosse qu’il me fut donné de voir.

Un vendredi soir de mai, à neuf heures moins le quart, aussitôt après le dîner, je dis à maman que je vais chez la voisine finir un chapeau.

C’est Renée qui m’ouvre. Nous nous embrassons