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CORRESPONDANCE

filles, de grandes jeunes filles alors, qui s’amusaient à des jeux beaucoup moins innocents.

À genoux dans l’herbe, deux d’entre elles en tenaient une troisième, couchée à plat. Elles avaient retroussé sa jupe et l’une et l’autre la claquetaient par-dessus le pantalon. Très serré le pantalon moulait les formes de leur amie qui devait avoir une vingtaine d’années, de même que les deux autres. Toutes trois coquettement mises appartenaient assurément à la classe bourgeoise et aisée. C’étaient des jeunes filles de bonne famille.

En semaine, en juillet, le Bois, le matin est peu fréquenté. Elles se croyaient bien tranquilles et s’amusaient librement. À ma brusque arrivée, elles s’arrêtèrent, surprises un moment ; mais, me voyant seule et ne se troublant guère à la vue d’une enfant, les deux fouetteuses reprirent leur jeu, sans se gêner, et recommencèrent de plus belle à claqueter leur camarade.

Cela se passait dans la partie du Bois que vous connaissez sans doute, et qui avoisine la mare de Saint-James. L’endroit était désert, ce matin-là, comme il l’est à cette heure, en pareille saison. Sans doute, me crurent-elles, me voyant nu-tête, venue seule de Neuilly et non accompagnée de ma mère que j’avais laissée à cent mètres de là. Elles continuèrent et excitées peut-être encore par ma présence — cela est possible — l’une d’elles eût l’idée, m’observant clouée sur place par une curiosité ardente que trahissaient mes regards, de pousser plus loin la hardiesse de leur piquante distraction. En une seconde, sans hésiter, elle rabattit la culotte et me montra, en plein, la croupe rebondie, toute nue de son amie…