Page:Icy - Brassée de faits, 1926.djvu/246

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
238
BRASSÉE DE FAITS

parents et, comme c’étaient des sages, ils mirent à exécution un projet que, dès leur tendre jeunesse, ils avaient toujours caressé. Sans le savoir, ils se rencontraient avec Vauvenargues disant que « ce qui caractérise la belle vie, c’est d’être une pensée de jeunesse réalisée par l’âge mur ».

Cette pensée de jeunesse qu’ils réalisaient, c’était de vivre ensemble. Et ce fut, en effet, la belle vie.

D’abord modeste, leur installation dans un petit appartement devint peu à peu plus confortable et, comme, vers la trentaine, ils gagnaient, l’un et l’autre, assez d’argent dans la commission, ils habitèrent alors, de compagnie, un fort coquet domicile, rue Lafayette.

Depuis longtemps, déterminés à faire choix de compagnes appropriées à leurs goûts, ils consacrèrent des années à n’arrêter définitivement leur choix qu’après de nombreuses sélections.

Enfin, le jour vint — pour dire les choses comme elles furent — le jour vint où une certaine Estelle que Pierre avait élue d’abord, leur présenta une amie à elle qui, parfaitement, conviendrait non seulement à Paul, mais aussi à Pierre, autant qu’à elle-même, Estelle. Bref, cette Lucie serait l’idéal quatrième membre du quatuor irréprochablement homogène parce que parfaitement assorti.

Estelle était brune ; sa chère Lucie blonde. L’accord se fit avec Paul, mais il arriva — et cela dès le début — que ni l’un ni l’autre des deux dames ne fut l’épouse trop strictement attribuée à tel ou tel des deux messieurs.