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UN DOCUMENT

Les renseignements que je suis parvenu à recueillir à Coire et dans la Vallée de l’Albula aggravent singulièrement cette extraordinaire affaire. C’est, peut-on dire, toutes les jeunes filles et jeunes femmes de Zortein, l’un des grands villages dont est composé Obervaz, qui se sont candidement soumises aux pratiques de Jacob B. ou d’un autre. Car il y a un autre, dit-on, avec raison à mon avis, et peut-être même plusieurs autres… Et cette hypothèse donne jour aux plus surprenantes suppositions. Certains prétendent encore que quelques bonnes filles de Zein et de Muldein, deux autres villages d’Obervaz, ont perdu le droit de se gausser des innombrables héroïnes de Zortein…

Car le juge d’instruction de Coire, M. Heinrich L., parvient difficilement à dénombrer ces dernières. Seize jeunes filles, âgées de quinze ans et demi à vingt-huit ans, lui ont toutefois confessé avoir passé au tribunal de la pénitence d’Obervaz. D’autres, celles qui savaient sans doute le mieux à quels mobiles réels obéissaient les distributeurs de pénitence sont rebelles à tout aveu, refusant la palme du martyre.

Les lettres étaient signées du nom honoré du Père Maurice C., professeur à l’école de Disentis. Elles portaient soit le timbre postal de Disentis, soit celui d’une autre localité du district de Vorderrhein. Une de ces lettres avait été envoyée le mois dernier, pour la troisième fois, à une jeune fille de Zortein, Mlle Chaterina F., âgée de vingt-trois ans, qui jamais n’avait paru au rendez-vous. Elle se décida à informer ses parents des étranges obsessions dont elle était l’objet. La justice fut avisée.