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BRASSÉE DE FAITS

Coire (Grisons), 10 octobre. — De notre correspondant spécial.

Me voici aux portes de l’Engadine. De Coire à Thusis, le chemin de fer rhétien suit en zigzags les gorges superbes de l’Albula, au pied de montagnes où la nature paraît avoir accumulé des beautés encore inappréciées. Je débarque bientôt à Sœlis, là où s’ouvre, large et somptueuse, une haute vallée d’un inimaginable effet. Et en route maintenant pour Obervaz, pour Obervaz qui trône tout là-haut, au milieu de grasses prairies, encadré par des forêts de sapins à 1223 mètres d’altitude avec 869 habitants.

Obervaz… Obervaz ! Le nom de l’obscure commune a aujourd’hui dépassé ces lieux retirés.

Et l’on cause de choses piquantes pour le moins. Il y a trois semaines, Jacob B., âgé de soixante-six ans, sacristain honoraire de la paroisse d’Obervaz, était arrêté sous l’inculpation de s’être livré à des actes que la morale réprouve. Ces actes n’étaient indiqués qu’avec restriction, il va sans dire. On sut pourtant que le vieux sacristain était accusé d’avoir fouetté jusqu’au sang quantité des plus fraîches pénitentes d’Obervaz. D’où arrestation et scandale.

Le frasques de Jacob B. étaient présentées ainsi : il adressait à telle jeune fille sommation de se rendre à un lieu désigné pour y subir la flagellation en rémission de ses péchés. Cette sommation était adressée par lettre paraissant provenir de l’autorité ecclésiastique. Et un grand nombre de jeunes filles d’Obervaz se rendirent à l’invite… On chuchotait encore bien d’autres choses…