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BRASSÉE DE FAITS

Monsieur Léon fut présenté comme un employé supérieur de la banque parisienne où la jeune Normande prétendait travailler en qualité de dactylo.

On causa, et l’ancienne élève reconnaissante parlant de l’égale sévérité des deux conjoints, la vanta en termes concrets, affranchis de toute ambiguïté.

Monsieur Léon scrutait curieusement les deux physionomies qui, avec les traits bien dissemblables, s’appareillaient pourtant, exprimant la même sérénité.

Plus austère, le visage de la femme, restée maigre, mais sévère aussi celui de l’homme, un fort gaillard, quoique plus facilement riant, et tous deux placides et honnêtes, s’azuraient des mêmes yeux candides, brillant en clair sur le teint rouge. Rien chez l’homme ne le différenciait d’un quelconque paysan de la région et ne trahissait en lui plus de raffinement ou même moins de simplicité. Sous son gros nez rond, il portait la courte moustache en haricot que, bien avant Charlot, les Normands ont inventée et ses lèvres moyennement épaisses, ainsi découvertes, n’accusaient nulle perversité.

Il faisait penser à ce rustre que, jadis, chantait Virgile. À ce rustre trop heureux qui ne connaissait pas son bonheur !