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BRASSÉE DE FAITS

faites perdre le fil — vous m’interrompez tout le temps avec vos questions ! vous auriez dû vous mettre vicaire ; je vous vois d’ici, interrogeant les petites filles ! — pour en revenir à mon histoire j’en étais donc à cette menace des patrons, à la fessée que nous aurions si ça marchait de travers.

Je vous disais qu’on n’y avait pas fait attention seulement.

Le lendemain, ça recommence. Cette fois, c’est l’autre qui en reparle le premier. Désiré, le plus grand des deux. Il a bien dix centimètres de plus qu’Alcide qui est moyen. Lui, Désiré, il avait servi dans les cuirassiers. Les cuirassiers, c’étaient tous des gars du Nord. Il est blond, tandis qu’Alcide est brun. Il y a beaucoup de bruns chez nous : on dit que cela vient du temps des Espagnols. C’est bien possible.

Nous en rigolons, Flore et moi. Et on répond sur le même ton. Il répète ce qu’il a dit et Alcide s’en mêle. Oui, on aura la fessée toutes les deux.

On revenait de déjeuner, on allait se remettre au travail. Ça ne nous déplaisait pas qu’on blague un peu auparavant. C’était toujours ça de pris. Au commencement de juin, il faisait bon. Vous vous rappelez l’été de 1914. On n’avait que sa blouse de toile écrue qui descendait à quinze centimètres plus bas que le genou.

Donc, Alcide nous fait :

— Ça vous arrivera, c’est sûr et vous n’avez qu’à dire chiche ! vous l’aurez tout de suite.