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LA COUSINE JANE

idée. J’aime la voir ainsi et, en cet instant, il me plaît plus encore que ce soit à cause de moi.

Nous en sommes au café, elle allume une cigarette anglaise et me tend son étui de nacre. J’en prends une. Je suis contente, oh ! contente ! qu’on me prenne pour une poule avec son amie… Mais ne ***voilà-t-il pas que, sans le faire exprès, j’ai dû fixer la femme d’en face qui me répond, faut croire… Ma cousine fronce le sourcil, la foudroie, puis, sur un ton furieux, me jette :

— Dis donc, toi ?… As-tu fini ?

Je suis stupéfaite… Qu’ai-je donc fait ?

Elle donne le signal du départ, se poudre. Dans l’escalier, elle s’arrête à mi-étage, me conduit au petit endroit. En sortant, elle a des yeux que je ne lui connaissais pas et elle me dit :

— Je ne te conseille pas de recommencer. Et tu verras ça, ce soir…

Qu’est-ce que je verrai ?

Nous sommes au théâtre, à l’orchestre, au cinquième rang. On commence par Andromaque. Albert Lambert a le timbre du fruitier d’en bas de chez nous, c’en est épatant. Aux entr’actes, nous allons au foyer. On nous regarde. Mais, je fais attention, j’observe une attitude irréprochable et ne remarque pas plus les regards des belles dames que ceux des messieurs, c’est tout dire. Ma cousine paraît satisfaite et me parle de sa voix la plus doucement enchanteresse.

Maintenant, c’est le Malade Imaginaire. Cette farce