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LA COUSINE JANE

tement jointes sur ma poitrine virginale… J’avais trouvé cela toute seule, tout naturellement. Oui, à quinze ans. Parfaitement, à quinze ans. Je vous l’ai dit, j’étais en retard.

Mais, laissez-moi donc continuer, sans m’interrompre. Sans cela, j’arrête net ma confession, car c’en est une Et puis, maintenant, j’aborde le plus intéressant.

Donc, un jeudi de mai, en dînant chez nous, elle dit avoir deux fauteuils pour samedi, pour le Français et deux autres pour les Folies. Au Français, on joue Andromaque, et le Malade Imaginaire. Elle m’y emmènera. Papa et maman iront de leur côté aux Folies. Paraît que le spectacle y est assez risqué, cette fois, et que ce n’est pas très convenable pour les jeunes filles.

Parfait. Les parents marchent et l’approuvent. C’est convenu. Samedi, je dînerai avec elle et l’on ira au théâtre ensemble.

Mais il lui vient une idée. Au sortir du Français, je rentrerai coucher avec elle : le lendemain, dimanche, elle me ramènera pour dîner, tous les quatre, rue Coquillière. Elle apportera une langouste, le régal de papa.

C’est entendu. Dimanche, vers quatre heures, on viendra, elle et moi, les prendre pour l’apéritif.

Le samedi arrive. Je vais la chercher chez elle, elle doit m’emmener au restaurant. Rien que cette perspective de dîner au restaurant me transporte. Pour moi, c’est une fête, la plus belle encore de mon existence.