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BRASSÉE DE FAITS

Corset, ceinture, je ne connais rien de tout cela. Et vous voyez que je me farde à peine, à peine. Juste ce qu’il faut. Tenez : mes lèvres, elles sont cerises, d’elles-mêmes. C’est très rare, vous savez. En connaissez-vous beaucoup qui en pourraient dire autant ?

Papa était Parisien, employé à la Banque. Tout ce qu’il y a de plus Parisien. Maman, elle, de Nantes ; mais, arrivée ici à dix ans.

Nous habitions rue Coquillière. À l’école, dans le deuxième, pas de fessées. Chez mes parents, non plus, jamais par papa. Pas une. Maman m’en a donné quelques-unes, bien sûr. Mais les dernières, à onze ans, douze ans peut-être. Oui, à douze ans, je peux préciser. Mais, pas souvent, neuf ou dix, la dernière année. Donc, pas de fessées, pour ainsi dire, en comparaison des quilles qui en prennent tant. J’en connais une, en ce moment, c’est pas croyable.

Mais, maman, pas plus que papa, n’en pinçait, c’est bien certain. Je vivais donc dans l’ignorance de la question. Chez moi, le goût prononcé que j’en possède maintenant n’a donc rien d’atavique. Ni rien d’acquis, du fait de l’éducation reçue.

J’avais à peu près douze ans quand une cousine, Madame Hébert, fréquenta notre intérieur. Veuve d’un cousin germain de papa, employé comme lui à la Banque, veuve depuis quatre ans, elle avait une belle situation, dans une grande maison de fleurs et plumes, dans le quartier. Première, à la tête d’un atelier de trente ouvrières plumassières et de huit ou neuf apprenties,