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RÉPONSE À PLUSIEURS

Le titre en était : Condamnée à mort, puis acquittée, la « Tigresse » joue du couteau.

Marie-Jeanne L., surnommée « la Tigresse de la Chapelle », n’est point une femme ordinaire. On peut même dire, au masculin, que c’est un « type ».

Jeanne L., née à Saint-Denis, le 26 mai 1890, déteste les hommes « qui se font nourrir par les femmes ».

Ce n’est point certes, que cette fille cruelle professe, pour la morale, un respect sans bornes. Elle l’ignore même et ne s’en cache pas. Mais les hommes « qui se font entretenir par les filles » ne sont pour elles que des rivaux.

Les compagnes qu’elle choisit travaillent pour Jeanne L., proxénète et souteneur. Et les souteneurs mâles de la Chapelle la redoutent, parce qu’elle sait jouer du couteau mieux qu’aucun ce ces bretteurs du trottoir.

Si, d’aventure, quelque pierreuse naïve devient l’amie de Jeanne L., elle trouve chez elle, dans la journée, un abri sûr, mais elle doit, chaque nuit, travailler dans les rues noires, et rapporter « à la maison » le produit du triste commerce qu’elle fait de son corps.

En 1919, une jeune femme, Marie L., lasse de subir la tyrannie et les caprices de la Tigresse, se révolta, résolut de s’enfuir.

— Tu n’iras pas loin ! s’écria la mégère.

Et elle lui planta son couteau dans le ventre. Marie Lefèvre en mourut.

Alors la Tigresse s’enfuit. On la rechercha vainement. Elle fut jugée par contumace et condamnée à mort.

Cela se passait en 1920. Jeanne L. ne se cachait point en une retraite bien éloignée. Elle filait des jours heureux