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BRASSÉE DE FAITS

femme, au moyen d’un rapide travestissement, sans que personne eût reconnu en elle la même personne. Très luxurieuse, elle eut toujours plusieurs amants à la fois ; l’amant officiel devait être le plus intrépide et le plus audacieux de la bande, il était destitué à la première lâcheté ; elle le dominait complètement et se permettait de nombreuses distractions.

Elle avait, écrit de Varigny, autant d’amants que de desperados et d’outlaws répartis entre le Texas, le Kansas, le Nebraska et la Nevada. Très audacieuse, dès dix ans elle guida une bande de féroces brigands que par la supériorité de son intelligence, son courage et par la gentillesse de ses manières féminines, elle dominait absolument. Avec cette bande, elle accomplit les plus téméraires rapines près des villes les plus peuplées, assaillant les troupes gouvernementales, entrant, seule, vêtue en homme — c’était en général son costume — dans les villages, en plein jour, assistant à quelque vol stupéfiant, à main armée. Une fois elle alla jusqu’à coucher dans un hôtel, dans la même chambre que le shérif de l’endroit qui ne s’aperçut pas que son compagnon était une femme. À table, il s’était vanté de la reconnaître et de la faire arrêter si elle lui tombait sous la main. Le matin suivant, elle monta à cheval, le fit appeler et lui dévoila qui elle était, le traita d’imbécile et, lui cinglant le visage de deux coups de cravache, elle s’enfuit. Elle écrivit ses mémoires. Son plus grand désir était, disait-elle, de mourir chaussée de ses bottes. Elle fut satisfaite, elle mourut dans un combat contre les soldats du gouvernement, commandant le feu jusqu’à son dernier soupir.