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L’AUTRE CLOCHE

sur ses genoux et, elle, assise. Non, elle reste toujours debout, son pied gauche sur un banc ou sur le bureau d’une chaise. Sur sa cuisse gauche, elle me supporte, m’enroulant son bras gauche autour de la taille. Elle nous tient toujours ainsi, elle ne varie jamais. Suspendue de la sorte, les jambes en l’air, je gigote à l’aise et cela lui plaît, à elle aussi. Elle se met seulement à me déculotter que, déjà, fusent les rires de toute la classe qui connaît mes talents, et les apprécie. Le succès que j’obtiens, à chaque fois, flatte mon amour-propre et je n’omets jamais de m’évertuer à gambader.

Et la Roussin aussi s’évertue en ce qui la concerne. Elle a une grande patte osseuse qui cingle sec les fesses des gamines. On les redoute, ses fessées. Moi, je suis d’attaque. Elle peut y aller carrément. Mes petites fesses dures la supportent, sa fessée de fesseuse maigre aux doigts de bois fichés sur sa paume plate comme des bâtonnets écartés en éventail.

J’aime mieux les fessées de maman, certes. Mais, cela ne fait rien, je ne cane pas et je les encaisse sans un cri, sans une larme, les fessées qu’il nous semble que la Roussin nous applique avec une planchette.

J’entre à quatorze ans, en apprentissage, dans une imprimerie, et affectée d’abord au cartonnage. Il y a sept, huit arpètes. On les fesse.

C’est le contre-maître qui s’en charge. Ces fessées-là, alors, c’est un plaisir à côté de celles de l’école ou de la maison.

Il est indulgent. Le gaillard ne s’embête pas, c’est