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UN BON MARIAGE

je ne les cache pas. Retenez bien ce que je vous dis aujourd’hui : avant vingt ans, vous verrez, messieurs ! La femme, enfin, s’émancipe, je vous dis : la jupe courte et les cheveux courts marquent la venue d’un temps nouveau.

Quand maman est devenue veuve, j’avais dix ans C’est à ce moment que remontent mes souvenirs présentant pour vous de l’intérêt. Avant cela, je n’avais jamais vu madame Henry qui, devenue intime amie de maman, vint chez nous à chaque instant. Nous avions déménagé et pris un appartement plus petit, dans le voisinage immédiat du sien. C’est elle d’ailleurs qui l’avait cherché, rue Saint-Denis, non loin des boulevards.

Madame Henry demeurait à côté, deux numéros plus haut. Elle avait été abandonnée avec ses enfants, en bas âge, par son mari. C’est pourquoi elle ne pouvait porter en son cœur messieurs les hommes. Il était parti, croyait-on, en Amérique et l’on n’en avait plus de nouvelles. Ses enfants avaient, l’aîné, l’âge de mon frère Raoul ; le second, deux ans de moins. C’est à dire un an de plus que moi.

Du temps du père, maman donnait bien des fessées à Raoul, mais ce n’était rien à côté de celles qu’elle lui flanqua dorénavant. Il les méritait. Désobéissant, volontaire, effronté, vaniteux, égoïste, gourmand, comme le sont les garçons. Certainement tous, à peu près. Les deux qu’avait madame Henry ne valaient pas mieux et possédaient les mêmes défauts, ceux de leur sexe incon-