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LE JET D’EAU

sonne, ici, n’osât y toucher, madame Tessier ne partageait pas le préjugé local inspiré uniquement par la crasse ignorance de ces croquants. Elle-même en mangeait, mais avec discrétion et elle ne cessait de nous mettre en garde contre l’abus gourmand que nous en faisions. Elle nous prédisait des coliques qui ne manqueraient pas de nous en punir.

Nous persévérions à en absorber tant et plus et pas l’ombre de coliques.

Mais, elle y tenait et, à chaque instant, elle nous demandait si nous ne sentions pas déjà quelque chose d’insolite se passant dans notre petit ventre. Elle nous faisait tirer la langue, nous l’avions d’un violet d’encre pour stylo. Et nos cueillettes, à la fin de la journée, nous gantaient d’un carmin aussi tenace que vineux.

Elle n’en démordait pas, si bien que nous devions nous laisser soigner préventivement pour ces coliques à venir — ou simplement imaginaires. Maggie qui connaissait la marotte de sa tante m’avait renseignée sur le traitement qu’elle nous ferait suivre.

Vous l’avez deviné : c’est de clystère qu’il s’agissait. Tous les deux ou trois jours, nous n’y coupions pas.

Moi, je n’avais jamais pris de lavement et, chez nous, maman elle-même s’en abstenait, n’en ayant nul besoin apparemment, non plus que moi.

Or, chez la tante, il n’en était pas ainsi et, prêchant d’exemple, elle disait en absorber régulièrement je ne sais au juste combien par semaine. Peut-être exagérait-elle dans son dire qui n’était se peut-il, qu’un mensonge pur et simple ? Quoi qu’il en soit, elle préconisait