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BRASSÉE DE FAITS

six ouvrières au plus ; mais, du beau, tout à fait, rien que pour les plus grands couturiers.

Avec Maggie, on était inséparables, on s’adorait. Du reste, on s’adore encore. Je ne vous apprends rien, car vous la connaissez. C’est elle avec qui j’étais l’autre soir, quand vous nous avez rencontrées. Elle ne s’appelle plus Maggie : il n’y a que son nom de changé. Et le mien, car, moi de même, je m’appelais pour lors Berthe, tout simplement.

Maggie et Berthe, on ne les voyait jamais l’une sans l’autre. Vrai, on nous prenait pour les deux sœurs. Blondes du même blond, nous nous ressemblions et nos mères se plaisaient souvent à nous habiller pareil. Nos pères s’étaient liés également, tous deux employés de commerce, le mien au Sentier, le sien aux Ternes. Moi, je suis Parigote, d’une lignée de Parisiens pur-sang. Les Fleury eux, des Manceaux, venus ici à vingt ans. Chez eux, j’avais vu au commencement de l’année une tante, sœur de Madame Fleury et qui, restée au pays, était à Paris pour quelques jours.

Elle avait été aimable au possible pour moi. Sans enfants et les aimant beaucoup, elle choyait sa nièce, qui, tous les ans, passait un mois chez elle. Les années d’avant, ma copine lui avait parlé de moi et elle me connaissait bien sans m’avoir jamais vue. Elle m’invita à accompagner Maggie aux prochaines vacances et il fut convenu avec maman qu’aux premiers jours d’août, je partirais pour Le Mans en compagnie de Maggie et que je ne rentrerais avec elle que pour octobre.