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les bouchers

brûnis.

Oui, le bœuf, trente sous…Eh bien ! dès aujourd’hui.
Je veux donner la mienne au même prix que lui.
Nous verrons qui des deux lâchera le plus vite…

l’homme.

Certes, il veut vous tomber : tous les jours il invite
Des gens chez Bistoulet à boire le café
Et la bière.

brûnis.

Et la bière. Il n’a pas encore triomphé.
Et c’est lui qui bientôt cherra, de guerre lasse.

un autre.

Il vous fallait l’ouïr, l’autre jour, sur la place…

brûnis.

Qu’est-ce qu’il pouvait dire ?

le deuxième.

Qu’est-ce qu’il pouvait dire ? Eh ! que vous débitiez
Du cheval, de la vache et bien d’autres pitiés.

brûnis, s’animant.

C’est donc ça qu’il disait. Qu’on compare ma mine
À celle de ce gueux rongé par la vermine
Et pelé comme un loup en hiver, s’il vous plaît ;
On verra ce que vaut ma viande et ce qu’elle est.
Que l’on nous considère, et puis après qu’on dise
Qui s’engraisse le mieux avec sa marchandise.
Ma boutique est debout depuis quatre-vingts ans.
Tout le canton le sait et toujours les passants
Ont vu sur le foirail s’étaler notre enseigne :
Un mouton à toison d’argent que l’aïeul saigne.
Ah ! c’est ainsi qu’il parle en plein public : il croit
Qu’à ce qu’il dit ou fait je m’en vais rester froid,