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LES BOUCHERS


Le jour tire à sa fin. Petit à petit, le crépuscule envahit la boutique.

Au fond, à gauche, derrière le comptoir où se dressent les balances, on voit le garde-manger aux croisées de bois, aux carreaux en treillis de fil de fer. Attenant au comptoir, un billot de chêne pèse massivement sur ses trois jambes.

Longeant le garde-manger et le mur de droite, un long et étroit corridor s’engouffre dans la nuit.

À gauche, une grande grille rouillée s’ouvre sur la rue.

À droite, une porte entrebâillée laisse apercevoir les premières marcher d’un escalier.

Sur le devant de la scène, vers la droite, une banque au dessus concave se serre contre la muraille.

Des files de crocs retenant çà et là quelques restes de viandes déchiquetées sont plantées dans les murs crasseux ou fixées à des tringles tout le long des poutres.

De côté et d’autre, pendus au mur ou traînant sur l’étal, des outils de boucher, coutelas, scies, bâcherons, ferreaux, luisent d’un éclat métallique dans l’ombre.

Au lever du rideau, Brûnis cause auprès de la porte, avec trois habitants du Mas.



Scène PREMIÈRE

BRÛNIS, Trois Hommes du Mas.
brûnis.

Ah ! ah ! l’Aouqué veut donc me faire concurrence
En vendant à meilleur marché de la chair rance…

l’un des trois hommes.

Oui, le bœuf, trente sous…