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SCÈNE DOUZIÈME

À l’envoyer d’un coup de couteau dans l’enfer,
Il ne souffrirait pas comme elles ont souffert.
C’est une dette, il faut qu’il se mette en demeure,
Compte fatal qu’il doit rendre avant qu’il ne meure.
C’est ainsi que j’entends que Brûnis soit puni,
Qu’importe, après cela, puisque j’aurai fini,
Qu’un ours m’écharpe vif, que ce couteau me rentre
Dans les côtes, qu’un bœuf de ses cornes m’éventre,
Ou qu’un de ces matins, le triangle luisant
Sur la place de Foix s’empourpre de mon sang ?
La vie alors pour moi n’aura rien qui m’affame.

jep.

Mais après quoi ?… dis-moi…

titou.

Mais après quoi ?… dis-moi… Je veux avoir sa femme.

jep, railleur.

Ah ! ah ! ah ! ah ! c’est un beau dessein, en effet…
Tâche donc de t’en faire aimer.

titou.

Tâche donc de t’en faire aimer. Oui… Je l’ai fait ;
Mais inutilement…

jep.

Mais inutilement… Voyons en conscience,
Tu n’as pas eu, sans doute, assez de patience !

titou.

Si je la possédais sa femme, ami Jep, dis…
Voilà le but auquel dès l’abord je tendis.
Brûnis, ainsi que les vieux maris, idolâtre
Sa femme, et celle ci, jeune, ardente et folâtre,
Je le voyais fort bien, n’aimait point son mari.

jep.

Il était bien aisé d’en être le chéri.