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scène première

Eh bien ! Il sera pris dans son piège : je livre
Tout, veau, mouton et bœuf, trois sous de moins par livre ;
Et, s’il tient, il pourra se vanter cette fois
D’être aussi bien planté que le Rocher de Foix…
Que Jep rentre, où Titou, pour garder la boutique,
Ensuite, pratiquant comme l’Aouqué pratique,
Je m’en vais vous payer l’absinthe, maintenant.

le troisième.

Oh ! Titou ! que ! gaillard rude ! c’est étonnant.
Aujourd’hui, Feych avait embourbé sa charrette :
Les bœufs n’en pouvaient mais, Titou vient, il s’apprête,
Ôte sa blouse et puis, ployé comme un compas
Sous le char, il l’enlève et le tire du pas.

le deuxième.

Ça doit être un sorcier.

le premier.

Ça doit être un sorcier. Oui… quand il vous regarde
On a froid… Que le ciel, ou que l’enfer me garde
De jamais l’offenser, n’importe quellement …

le deuxième.

Il a le mauvais œil.

le troisième.

Il a le mauvais œil. Bah ! le visage ment…
Mais Cadette,, sa sœur était bien plus jolie.
Et le Brûnis en sait quelque chose…

brûnis, clignant des yeux.

Et le Brûnis en sait quelque chose… Oh ! j’oublie…
C’est que bientôt quinze ans sont passés là-dessus.

le troisième.

Et Titou, vos amours ne les a-t-il pas sus ?