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Madame Linde.

Alors, ce n’est vraiment pas à lui ?

Nora.

Sûrement non. Il ne m’en est pas venue un seul instant la pensée. D’abord, il ne pouvait pas nous prêter d’argent à cette époque. Il n’a fait son héritage qu’ensuite.

Madame Linde.

Je crois que ça a été un bonheur pour toi, ma chère Nora.

Nora.

Non, jamais, je n’aurai eu l’idée de demander au docteur… et pourtant je suis certaine que si je lui demandais…

Madame Linde.

Mais naturellement, tu ne le feras pas…

Nora.

Bien entendu ! Je ne crois pas que ce soit nécessaire, mais je suis sûre que si je parlais au docteur Rank…

Madame Linde.

À l’insu de ton mari…

Nora.

Il faut bien que j’en sorte. Je me suis engagée là-dedans sans qu’il le sache. Maintenant il faut que cela finisse.

Madame Linde.

Je te le disais bien hier, mais…

Nora, allant et venant.

Un homme peut se débrouiller plus facilement de ce genre d’affaires qu’une femme.

Madame Linde.

Si tu parles du mari, oui.

Nora.

Niaiserie. (Elle s’arrête.) Quand tout a été payé, on rend le reçu, n’est-ce pas ?