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Nora.

Ce serait honteux. (Des larmes dans la voix.) Ce secret qui est ma joie et mon orgueil… qu’il le sache d’une façon si vilaine, par vous… Vous m’exposeriez aux plus grands ennuis.

Krogstad.

Rien qu’aux plus grands ennuis ?

Nora, d’un trait.

Ou plutôt faites-le. C’est vous qui y perdrez le plus. Mon mari verra alors quel genre d’hommes vous êtes ; et vous pourrez être bien assuré de perdre votre place.

Krogstad.

Je viens de vous demander si vous ne craignez pas autre chose que des ennuis domestiques.

Nora.

Si mon mari le sait, il voudra naturellement payer de suite et alors nous serons débarrassés de vous…

Krogstad, faisant un pas vers elle.

Écoutez, madame… ou vous n’avez pas de mémoire, ou vous ne savez rien des affaires. Il faut que je vous mette un peu au courant.

Nora.

C’est-à-dire ?

Krogstad.

Au moment de la maladie de votre mari, vous êtes venue solliciter de moi un emprunt de douze cents écus.

Nora.

Je ne connaissais que vous.

Krogstad.

Je vous ai promis de vous procurer cet argent.

Nora.

Et vous me l’avez prêté.