Page:Ibsen - Une maison de poupée, trad. Albert Savine, 1906.djvu/62

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Rank.

Je n’en sais trop rien. La seule chose que j’ai entendue, c’est qu’il était question de la banque.

Nora.

Je ne savais pas que Krog… Que ce monsieur Krogstad eût rien de commun avec la banque.

Rank.

Si fait ! on lui a donné une espèce d’emploi. (S’adressant à madame Linde.) Je ne sais si là-bas aussi, chez vous, il existe des gens qui s’évertue à déterrer les pourritures morales et qui lorsqu’ils trouvent un individu contaminé le mettent en observation en lui attribuant une bonne place ; les gens sains n’ont qu’à rester dehors.

Madame Linde.

Il faut bien avouer que ce sont les malades qui ont le plus besoin de soins.

Rank, haussant les épaules.

Voilà, c’est une façon de voir qui transforme la société en hôpital.

Nora qui est demeurée absorbée dans ces pensées, se met à rire et bat des mains.
Rank.

Pourquoi riez-vous ? Savez-vous seulement ce que c’est que la société ?

Nora.

Est-ce que je m’occupe de votre insupportable société ? Je riais d’autre chose, une chose si drôle… Dites-moi, docteur… Tous les employés de la banque à l’avenir dépendront-ils de mon mari ?

Rank.

C’est ce qui vous amuse.

Nora, souriant et fredonnant.

N’y faites pas attention. (Elle rôde par la pièce.) Oui, c’est