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vald ne vivrait pas à cette heure s’il n’avait pu aller dans le Midi.

Madame Linde.

Eh bien ! mais c’est ton père qui vous a donné l’argent nécessaire.

Nora.

Oui, c’est ce que croit Torvald, c’est ce que croit tout le monde ; mais…

Madame Linde.

Mais…

Nora.

Papa ne nous a pas donné un centime. C’est moi qui me suis procuré l’argent.

Madame Linde.

Toi ! Une somme pareille ?

Nora.

Douze cents écus, quatre mille huit cents couronnes, qu’en dis-tu ?

Madame Linde.

Mais, Nora, comment as-tu fait ? Tu as gagné à la loterie ?

Nora, d’un ton dédaigneux.

La loterie ! (Avec un geste de mépris.) Quel mérite y aurait-il là ?

Madame Linde.

Mais en ce cas où l’as-tu pris ?

Nora, souriant d’un air de mystère et fredonnant.

Tra la la la la !

Madame Linde.

Il n’était pas facile qu’on te le prête.

Nora.

Pourquoi pas ?