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pas voir les enfants. Je sais qu’ils sont dans des mains meilleures que les miennes. Dans ma situation actuelle je ne puis pas être une mère pour eux.

Helmer.

Mais un jour, Nora, un jour ?

Nora.

Que te répondre ? J’ignore ce qu’il en sera de moi.

Helmer.

Mais, quoiqu’il en soit de toi, tu es ma femme.

Nora.

Écoute, Torvald, quand une femme abandonne le domicile conjugal comme je le fais maintenant, les lois, dit-on, affranchissent le mari de toute obligation envers elle. En tout cas, je t’en tiens quitte, il n’est pas juste que tu sois enchaîné quand je ne le suis pas. Pleine liberté pour tous les deux ! Tiens, voici ton anneau. Rends-moi le mien.

Helmer.

Cela aussi ?

Nora.

Oui.

Helmer.

Le voici.

Nora.

Merci. Maintenant tout est fini. Je te laisse les clefs. La femme de chambre est au courant de tout, mieux que moi. Demain, après mon départ, Christine viendra emballer tout ce que j’ai apporté ici. Je veux qu’on me l’envoie.

Helmer.

Tout est-il fini ! Tu ne veux donc plus penser à moi, jamais, Nora !