Page:Ibsen - Une maison de poupée, trad. Albert Savine, 1906.djvu/168

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ment que tu lui dirais : « Allez et publiez tout. » Et quand cela serait arrivé !…

Helmer.

Ah ! oui… quand j’aurais livré ma femme à la honte, au mépris…

Nora.

Quand cela serait arrivé, j’étais tout à fait sûre que tu allais te présenter pour répondre de tout, en disant : « C’est moi le coupable ! »

Helmer.

Nora !

Nora.

Tu vas dire que je n’aurais pas accepté un pareil sacrifice. C’est vrai. Mais à quoi aurait servi mon affirmation à côté de la tienne. Eh bien ! c’était là le prodige que j’espérais avec terreur et pour l’éviter, je voulais mourir.

Helmer.

Nora, j’aurais travaillé avec plaisir pour toi jour et nuit, et j’aurais subi toutes espèces de privations et de peines, mais il n’y a personne qui offre son honneur pour l’être qu’il aime.

Nora.

Des milliers de femmes l’ont fait.

Helmer.

Oh ! Tu penses comme une enfant, et tu parles de même.

Nora.

Soit ! Mais tu ne penses pas, tu ne parles pas comme un homme que je puisse suivre. Une fois rassuré, non sur le danger qui me menaçait, sur celui que tu craignais, toi tu as tout oublié. Je suis redevenue ton oiseau chanteur, la poupée que tu étais disposé à porter dans tes bras comme avant et avec plus de précautions, puis-