Page:Ibsen - Une maison de poupée, trad. Albert Savine, 1906.djvu/119

Cette page a été validée par deux contributeurs.
110
UNE MAISON DE POUPÉE

le bras droit du directeur. Ce sera Nils Krogstad et non Torvald Helmer qui dirigera la banque.

Nora.

Jamais !

Krogstad.

Voudriez-vous plutôt ?…

Nora.

Maintenant j’ai du courage.

Krogstad.

Oh ! oh ! Vous ne m’effrayez pas. Une dame distinguée, délicate comme vous…

Nora.

Vous verrez… vous verrez…

Krogstad.

Sous la glace peut-être ? Dans l’abîme humide, froid et sombre ? Et au printemps on revient à la surface défigurée, méconnaissable, sans un cheveu.

Nora.

Vous ne me faites pas peur.

Krogstad.

Et vous non plus. On ne fait pas ces choses-là, madame, à quoi bon d’ailleurs ? De toutes façons, le papier est là, dans mon portefeuille.

Nora.

Quand je n’existerai plus.

Krogstad.

Oubliez-vous qu’alors votre mémoire sera dans mes mains ?

Nora perplexe le regarde.
Krogstad.

Vous voilà avertie ! Pas de bêtises ! Quand Helmer recevra ma lettre, j’attends sa réponse, et souvenez-vous